mardi 26 juillet 2011

La tulipe sauvage (Tulipa sylvestris)

Règne : Plantae (Plantes)
Sous-règne : Tracheobionta
Division : Magnoliophyta (Angiospermes)
Classe : Liliopsida (Monocotylédones)
Sous-classe : Liliidae
Ordre : Liliales
Famille : Liliaceae (Liliacées)

Description : Linné (1753).

Présence en France : dans tout le pays.

La tulipe sauvage est une plante bulbeuse, de petite taille (20 à 30cm en général). Elle possède de longues feuilles étroites se développant en rosette. La fleur se développe au printemps, une seule apparaît pour chaque pied. La fleur, de couleur jaune, est très parfumée, la sous-espèce Tulipa sylvestris australis possède des pétales jaunes mais bruns-rouges au revers. Une fois la fleur fécondée, la plante fane et ne ressortira qu'à l'automne suivant. Elle se reproduit grâce à ses graines mais elle peut également se propager en produisant des stolons souterrains qui porteront de nouveaux bulbes.

 Fleur avant éclosion (Tulipe méridionale, Tulipa sylvestris australis)

On la rencontre en Europe, en Afrique du nord et au Moyen-Orient dans les champs et les prairies sèches aussi bien en plaine qu'en montagne (jusqu'a 2000m). C'est la seule tulipe sauvage de France qui est considérée comme abondante, toutefois comme beaucoup d'espèces sa population est en régression depuis quelques années. On trouve 24 espèces du même genre en France à l'heure actuelle, dont 4 introduites. Il y a 3 espèces qui ont aujourd'hui disparu (Tulipa aximensis, T. billietiana et T. marjolleti), c'est d'autant plus dramatique que ces 3 espèces étaient endémiques (c'est à dire qu'elles vivaient uniquement en France). La sous-espèce Tulipa sylvestris sylvestris est protégée sur l'ensemble du territoire français.

Fleur de tulipe méridionale

La grande sauterellle verte (Tettigonia viridissima)

Règne : Animalia (Animal)
Embranchement : Arthropoda (Arthropodes)
Sous-embranchement : Hexapoda (Hexapodes)
Classe : Insecta (Insectes)
Sous-classe : Pterygota (Ptérygotes)
Infra-classe : Neoptera (Néoptères)
Ordre : Orthoptera (Orthoptères)
Sous-ordre : Ensifera (Sauterelles, Grillons, Courtilières)
Infra-ordre : Gryllidea
Super-famille : Tettigonioidea
Famille : Tettigoniidae (Tettigoniidés)
Sous-famille : Tettigoniinae (Tettigoniinés)
Tribu : Tettogoniini

Description : Linné (1758).

Présence en France : dans toute la France, y compris la Corse, elle se fait rare au nord du pays.

Cette espèce mesure jusqu'à 6cm de long (ailes comprises), et possède de fines antennes qui peuvent mesurer 3 fois la longueur du corps. Ailes déployées, elle atteint pas moins de 10cm d'envergure. Les femelles sont plus grandes que les mâles et se distinguent facilement de ceux-ci par la présence d'une tarière, un organe de ponte en forme de sabre qui peut mesurer plus de 3cm de long. Généralement de couleur verte, cette sauterelle peut parfois présenter une couleur jaunâtre, d'autres encore sont de couleur verte et présentent des pattes de couleur jaune. Dans les deux cas, l'espèce arbore une bande de couleur brune sur de la tête jusqu'à l'extrémité des élytres.

Femelle

Le mâle stridule, il produit un son en continu, qu'il interrompt immédiatement s'il est dérangé. On croise facilement cette espèce dans les champs ou les prairies en été (en Europe et en Asie), mais elle est également active la nuit. On la repère plus facilement dans les herbes sèches, où sa couleur verte se remarque facilement (sauf pour les spécimens jaunâtres), en revanche elle se camoufle parfaitement dans les herbes vertes. C'est une espèce carnivore, qui chasse des petits insectes (notamment les larves de doryphore, chenilles...). Elle possède une paire de mandibules acérées et peut ainsi mordre si elle est attrapée. Elle se déplace soit en marchant, en sautant ou en volant de buisson en buisson, sa durée de vol reste toutefois très limitée.

 Mâle jaunâtre (couleur plus rare)

Sa population a fortement régressé ces dernières années, surtout au nord de la France, en raison de l'utilisation massive d'insecticides. Les insecticides sont maintenant répandus partout, et sont présents dans l'air, l'eau et les sols, causant la disparition non seulement de cette espèce, mais aussi de nombreux autres animaux. Ses prédateurs naturels sont les oiseaux, les amphibiens et les mammifères. A noter que cette espèce est comestible, pour les adeptes de l'entomophagie.

 Femelle ayant récemment mué

On trouve 51 espèces de la famille des Tettigoniidés en France métropolitaine (98 en comptant l'outre-mer), dont 2 seulement du genre Tettigonia (Tettigonia cantans et Tettigonia Viridissima).

lundi 25 juillet 2011

La garrigue

La garrigue est une formation végétale caractéristique des régions méditerranéennes. En France, elle se rencontre uniquement dans le sud du pays, à faible altitude, sur le pourtour du golfe du Lion, du pied des Pyrénées jusqu'en Provence. Semblable au maquis, elle s'en distingue par le fait qu'elle se développe sur un sol calcaire tandis que le maquis pousse sur un sol acide. De nombreuses espèces sont communes à ces deux types de formations, mais chacune d'entre elles possède des espèces qui la caractérise.

Garrigue dominée par le chêne vert

La garrigue a des allures de désert où la roche mère stérile affleure entre la végétation basse, c’est donc un lieu où le minéral est roi et où les végétaux doivent batailler pour éliminer la concurrence. Pour résister aux températures caniculaires qui y règne durant l’été les végétaux ont trouvé plusieurs parades, en effet la plupart des végétaux ont adopté des transformations morphologiques afin de survivre dans ce milieu inhospitalier comme par exemple les feuilles en forme d’aiguilles ce qui limite la surface de contact et donc la transpiration (genêt scorpion, genévrier…) ou luisantes (réfléchissant le soleil : iris nains…). Mais il y a une adaptation encore plus significative qui caractérise la garrigue, il y a deux printemps ! Car si l’été stoppe la croissance des végétaux, elle redémarre de plus belle dès septembre à la faveur de la pluie. Ainsi en automne dans la garrigue, on pourra retrouver presque autant de fleurs, insectes et jeunes pousses qu’au printemps. Le sol est presque dépourvu de terre, et très drainant, il s'assèche donc très vite. La garrigue est constituée de prairies sèches rocailleuses et de petites forêts de chênes verts et de pins d'Alep essentiellement, agrémentés d'un multitude d'arbustes et de plantes herbacées.

Les végétaux de la garrigue sont quasi exclusivement persistants (ils gardent leurs feuilles l’hiver) ce qui leur permet de fabriquer de la photosynthèse toute l’année, cela les rends plus craintifs au gel cependant les hivers sont doux en général dans les régions méditerranéennes (rarement au-delà de -5°C). Mais on trouve quand même quelques espèces à feuilles caduques (ils perdent leur feuilles l'hiver) comme le pistachier térébinthe (Pistacia terebinthus) ou le chêne pubescent (Quercus pubescens).

Malgré son aspect repoussant au premier abord, la garrigue abrite des milliers d’espèces animales et végétales toutes plus incroyables les unes des autres. Elle abrite notamment la couleuvre de Montpellier (2m de long), le lézard ocellé (80cm), et le scorpion languedocien (8cm). Parmi les végétaux les plus caractéristiques on peut citer le pin d’Alep, le chêne vert, le buis, le chêne kermès (garic en occitan d’où l’appellation garrigue), l'arbousier, le fragon, le nerprun alaterne, le romarin, le thym, la lavande, la salsepareille, les genévriers, les pistachiers, les genêts, les filaires, les cistes, les euphorbes et les orchidées.  

La garrigue, est aujourd'hui entrelacée de nombreux vignobles. Malgré cela, le paysage n'est plus aussi marqué par l'empreinte de l'homme qu'autrefois. Car sous ses airs désertiques où l’homme n’a pas sa place, la garrigue paraissant vierge a pourtant été créée de toutes pièces par les activités humaines, il est difficile d’imaginer que la végétation qui compose le paysage n’a pas plus de 50 ans, c’est pourtant le cas et très peu de gens le savent, même ceux qui vivent sur place.


L’homme profondément modifié le paysage, car la forêt originelle qui se trouvait à la place de la garrigue ressemblait beaucoup à la forêt de Fontainebleau, plus humide et constituée de grands arbres. C’est le résultat de la présence humaine durant des millénaires. En effet pas un centimètre carré n’a échappé à l’exploitation de l’homme. 

Tout commence véritablement vers 5500 avant J.C. quand l’homme est passé du statut de chasseur-cueilleur nomade à celui de cultivateur-éleveur sédentaire. C’est le climat qui se réchauffe depuis des millénaires qui incite l’homme à changer de vie. Venu de l’Est, emportant avec lui l’orge, le mouton et le cheval, l’homme déboise pour semer ses cultures (céréales, vignes) afin de fournir un pâturage à ses bêtes. Les plateaux calcaires, déjà mis à nu par les pluies érosives, poussent les hommes vers les vallons boisés, riches en humus. Conjointement, la population ne cesse de croître jusqu'à l’époque romaine, déboisant un espace de plus en plus vaste au détriment de la forêt originelle. La réalisation de la Via Domitia ne fait qu’accélérer le phénomène, organisant une déforestation systématique pour agrandir les vignobles et faciliter les échanges.


Autour de l’an 1000, les premières constructions en pierres sèches font leur apparition (capitelles…) avec un réseau de murets en pierres sèches à flanc de colline pour étager en terrasses les vignes et plantations d’oliviers. Cependant, la plupart de ces vestiges ayant disparu ou étant ensevelis sous la végétation, cela conforte l’idée des promeneurs que la zone était inhabitée, mais il n'en est rien. Les feux qui ravagent la garrigue en été font parfois apparaître une partie de ces vestiges. A cette époque les moines bénédictins améliorent largement l’agriculture avec d’ingénieux systèmes d’irrigation et développent la coupe de bois pour la construction et le chauffage. La zone étant épargnée de maladies et de guerres à cette période, elle se développe fortement avec la propagation des cultures de la vigne et des oliviers jusqu'à la disparition totale de la forêt. Il existe toutefois entre les départements des Bouches-du-Rhône et du Var une forêt relique, la forêt de la Saint-Baume, qui semble-t-il représente un exemple de la forêt originelle qui était présente il y a bien longtemps avant la déforestation massive à la place de la garrigue. 

Vers la fin du XIII ème siècle, les maîtres verriers font leur apparition dans la région et détruisent les dernières bribes de forêt restantes afin de façon à alimenter leurs fours et confectionner toujours plus de bouteilles de vin. A leur place des milliers de mûriers feront leur apparition pour nourrir une nouvelle économie florissante : le ver à soie. 

Puis malgré des crises qui ont bouleversé les populations comme la Guerre de Cent Ans ou la peste, la déforestation n’a pas cessé pour finalement atteindre son apogée en 1850.

En 1860, la région est un véritable océan de vignes, représentant le plus grand vignoble du monde.

Vers 1870, le million de mètres carrés que compte la garrigue entre le Languedoc et la Provence est exploité ! Les gens cultivent la moindre parcelle disponible pour planter des vignes, du pois-chiche, des amandiers, des oliviers, des figuiers et même du blé dans ces terres où l’on n’imaginerait pas pouvoir produire quoi que ce soit aujourd’hui. De ce paysage qui semble limité actuellement pour la plupart des gens, il y avait mille façons d’en vivre il y a peu. On trouvait également des utilisations aux plantes sauvages de la garrigue, la garance, une plante qui s’accroche facilement aux vêtements était utilisée pour faire de la teinture rouge, les bergers se servaient de la résine des genévriers pour soigner les dermatoses de leurs bêtes…

Mais progressivement la nature va reprendre ses droits, au milieu du XX ème siècle l’homme va abandonner ces terres. En une dizaine d’années seulement, plusieurs facteurs conjugués vont provoquer un arrêt presque total de l’exploitation des terres.

Dans les années 50, le tracteur remplace le cheval, cependant il ne peut pas accéder aux parcelles escarpées, ainsi de nombreuses parcelles sont rendues à la nature. Les chemins disparaissent petit à petit et la garrigue se fait de plus en plus impénétrable.

En février 1956, le grand gel provoque la mort de la quasi-totalité des oliviers dont la culture sera abandonnée par les paysans.

Dans le même temps toute l’industrie du charbon de bois s’arrête lors de l’arrivée du pétrole, ainsi les dernières coupes de chêne vert datent des années 60.

Après la guerre, la reconstruction des villes provoque un exode rural massif, les paysans quittent leurs terres pour trouver du travail en ville ; la politique agricole commune ouvre la concurrence étrangère, l’élevage dans la garrigue devient alors peu rentable

Enfin, la grande vague de Myxomatose finit par décourager les derniers récalcitrants, qui voyaient là disparaître lapins et lièvres qui avaient servi de nourriture à des générations.

En l’espace de 10 ans à peine, les moutons, les chevaux, les agriculteurs, les coupeurs de bois et les lapins qui ne laissaient pas un seul bout de forêt repousser disparaissent et c’est pour cela que l’on peut affirmer que le paysage constituant la garrigue n’a pas plus de 50 ans. Paradoxalement on a l’impression que cela a toujours été comme ça.

Toutes ces attaques faites à la nature a fini par changer le type de végétation originel par rapport à celui qu’on y trouve aujourd’hui. L’ombre des grands arbres feuillus (hêtres, érables, tilleuls…) a laissé place à une végétation basse piquante et impénétrable. La roche mère n’affleurait pas avant le déboisement intensif des hommes, il y avait beaucoup d’humus, de matière organique qui la recouvrait. En supprimant la couverture végétale, le sol a été mis à nu, il est donc devenu fortement sensible aux aléas climatiques, le vent et les pluie diluviennes ont alors évacué la terre végétale de ces zones laissant place aux cailloux, c’est ainsi qu’est apparue la garrigue avec son lot de plantes et animaux adaptés à ces conditions de vie devenues difficiles (sécheresse…).

Le soleil est alors présent partout, et l’ombre semble ne pas avoir sa place dans ce milieu aride. Certaines espèces végétales ont alors peu à peu disparues au profit de plantes venant parfois de l’autre côté de la Méditerranée qui sont armées de piquants, de substances toxiques ou fortement aromatiques afin de dissuader les éventuels végétariens de les consommer.

Rarement l’homme aura transformé son milieu de façon aussi importante. Si la déforestation a détruit pendant des centaines d’années ces zones, après l’abandon de toutes les activités humaines la nature a très rapidement repris ses droits et la biodiversité qui s’est accumulée dans la garrigue récemment constituée est devenue extrêmement riche, comptant les espèces de végétaux par centaines sans parler de la faune. Mais ces paysages sont fragiles et paradoxalement il faut intervenir régulièrement dans la garrigue pour la protéger car la laisser à l’abandon serait le meilleur moyen de la tuer ! En effet la garrigue nécessite des coupes et des feux maîtrisés pour offrir un maximum de lieux de vie à la biodiversité. Les activités agricoles y sont donc les bienvenues aujourd’hui pour ouvrir l’espace, créer des champs… mais de manière modérée.

La garrigue constitue un véritable trésor pour les promeneurs et les photographes amateurs, du fait de la beauté et de la diversité de ses richesses. Les périodes les plus fastes sont le printemps et l'automne, au moment où apparaissent le plus la faune et flore variée de ce territoire.

dimanche 24 juillet 2011

L'aphyllanthe de Montpellier (Aphyllanthes monspeliensis)

Règne : Plantae (Plantes)
Sous-règne : Tracheobionta
Division : Magnoliophyta (Angiospermes)
Classe : Liliopsida (Monocotylédones)
Sous-classe : Liliidae
Ordre : Liliales
Famille : Asparagaceae (Asparagacées)
Sous-famille : Aphyllanthaceae (Aphyllanthacées)

Description : Linné (1753).

Présence en France : Moitié sud du pays.

Cette plante herbacée de petite taille, se présente sous la forme d'une touffe de longues tiges fines en rosette (développement des feuilles en cercle à partir du collet), c'est à leur extrémité qu'apparaissent les fleurs au printemps. Elle est impossible à confondre avec une autre plante, du fait de sa forme caractéristique. Généralement de couleur bleue, les fleurs peuvent exceptionnellement être blanches.


Les feuilles sont quasi inexistantes, elles sont présentes uniquement à la base des tiges sous la forme d'écailles membraneuses. Elle vit dans quelques régions autour de la Méditerranée (France, Italie, Espagne, Algérie, Tunisie), dans les zones arides, elle affectionne particulièrement les prairies sèches. Les herbivores, tels les lapins, les chevaux ou les moutons raffolent des tiges de cette plante.

Elle est protégée dans la région Aquitaine, ainsi que dans les départements du Gers et de Haute-Garonne. C'est l'unique représentante du genre Aphyllantes.

samedi 23 juillet 2011

L'abbaye de Saint-Roman

L'abbaye de Saint-Roman est une abbaye troglodytique, c'est la seule de ce type en Europe occidentale. En effet , elle est entièrement taillée dans la roche calcaire. Elle est située sur une colline du massif de l'Aiguille (culminant à 152m), sur le territoire de la commune de Beaucaire (Gard).

Vue générale de l'abbaye

Informations pratiques :
-téléphone : 04 66 59 19 72 (Mas des Tourelles, à contacter pour toute information sur l'abbaye)
-tarifs : adulte (5,50€), gratuit pour les moins de 18 ans et les habitants de Beaucaire
-en juillet et août, ouverture tous les jours de 10h à 13h et 14h à 19h
-en avril, mai, juin et septembre, ouverture de mardi à dimanche de 10h à 13h et 14h à 18h
-en mars et octobre, ouverture de mardi à dimanche de 14h à 17h
-de novembre à février, ouverture le dimanche et pour les vacances scolaires de mardi à dimanche de 14h à 17h (fermeture le 25 décembre)
-une visite guidée est possible (uniquement sur rendez-vous)
-l'accès au site sera refusé ½ heure avant la fermeture
-l'accès au site n'est pas recommandé aux personnes handicapées ou peu valides

L'histoire de ce site prend son origine à la fin du Ve siècle, lorsque des ermites, probablement disciples de Saint-Roman (fondateur de monastères dans le Jura), s'installent sur ce rocher. Leur population augmente au fil des ans.

Au VIIe ou au VIIIe siècle, la communauté, qui vivait un style de vie monastique oriental, adopte la règle de Saint-Benoît et devient abbaye bénédictine. Les moines agrandissent alors les cavités naturelles et y installent une chapelle et des cellules.

Au XIe siècle, sous la tutelle de l'abbaye de Psalmody (près d'Aigues-Mortes), Saint-Roman devient un prieuré siège de nombreux pélerinages sur des reliques attribuées à Saint-Roman et Saint-Trophime.

Au XIVe siècle, l'abbaye est fortifiée et un studium (collège d'adolescents), est installé par le pape d'Avignon Urbain V pour y dispenser une instruction à des jeunes, pauvres ou riches, doués pour les études.

En 1538, les moines quittent Saint-Roman pour Psalmody, l'abbaye est vendue à un particulier. Ce dernier remplace certaines constructions monastiques de la terrasse par un petit château. Transmis dans plusieurs familles de la région, il finit par être démantelé par un des derniers propriétaires qui vendra les pierres de taille.

Pendant de nombreuses années le site est resté à l'abandon. Des fouilles sont réalisées par la Société d'Histoire et d'Archéologie de Beaucaire à partir des années 60. La commune de Beaucaire devient propriétaire du site en 1988, et obtient le classement aux Monuments Historiques en 1991 (le site était déjà inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques dès 1936), ce qui permettra de démarrer des travaux de consolidation et de restauration.

La visite commence par la chapelle abbatiale, aménagée dans une grotte agrandie au fil du temps. Elle a été exploitée en carrière au XIXe siècle, les paliers de découpe sont aujourd'hui visibles. Ce travail a rabaissé le sol de la chapelle d'1,5m sur les deux tiers de sa longueur et ouvert un puits de lumière. Les points d'accrochage de multiples lampes à huile sont encore présents au plafond. Les murs étaient probablement ornés de fresques auparavant.

Chapelle abbatiale

Les arches et les voûtessont de style roman (XIe au XIIIe siècle). Le rocher a été renforcé par une voûte sur croisée d'ogives reposant sur des piliers massifs. Dans la chapelle on peut observer des tombes, notamment au sol. Les pèlerins affluaient au Moyen-Age pour vénérer les reliques. Une encoche au niveau du tombeau permettait de toucher le reliquaire qui les renfermait. Le siège abbatial (datant du XIIe siècle), au fond du chœur est l'un des éléments majeurs de la chapelle. Les sièges étaient surement également peints et ornés d'objets aujourd'hui disparus.

 Voûte sur croisée d'ogives

Par la suite, on se trouve au sommet du rocher, sur la terrasse qui renferme les tombes rupestres. L'abbaye était aussi une importante nécropole, où étaient ensevelis aussi bien les moines, des paysans et peut-être même des habitants de la région qui faisaient un don. Au total 152 tombes sont taillées dans la roche calcaire. Mais de nombreuses tombes on été détruites suite à la retaille du rocher au XIXe siècle. Certaines tombes subsistent en contrebas du rocher sous les remblais, d'autres se trouvent sous la terre apportée à la fin du XIXe siècle sur la terrasse par le propriétaire souhaitant créer un jardin romantique au milieu des ruines. La présence de grands pins est le résultat de cet aménagement.

 Tombes creusées dans la roche

Un réseau de rigoles et de tuyaux récupérait autrefois les eaux de pluie recueillies sur les toitures vers un bassin de décantation installé au milieu des tombes. Une citerne datant du XIVe siècle et d'un volume de 140m3 se trouve sous la terrasse, il s'agissait de la seule source d'eau du site avec d'autres citernes disparues.

La partie sud du rocher abrite quelques cellules (chambres des moines), elles on été par la suite transformées  en silos à grain. Certaines d'entre elles sont aujourd'hui uniquement accessibles par des échelles.

A proximité de la chapelle se trouve un ancien pressoir à vin, qui servait aux paysans dépendants de l'abbaye qui cultivaient des terrasses et des champs aux alentours. Il y avait certainement dans le passé un four, tandis qu'une meule sur la terrasse laisse supposer la présence d'un moulin.

La grande salle, où sont présents quelques affiches explicatives, était auparavant constituée de trois niveaux. Elle est entièrement taillée dans la pierre, la pièce du bas a certainement servi d'écurie au XIVe siècle.

En faisant le tour du rocher, on s'aperçoit de la taille sévère effectuée sur la pente de la colline de manière a constituer les imposantes falaises de l'abbaye, et du creusement d'un grand fossé (4m de largeur et 3m de profondeur) l'entourant aujourd'hui remblayé en grande partie. L'érosion a sculpté des formes étranges sur les parois au fil du temps.

 Falaises taillées par les moines, puis sculptées par l'érosion

Les moines ont réalisé les fortifications durant la guerre de Cent Ans.

 Fortifications bâties sur le rocher

Sur les collines aux alentours, notamment au pic de l'Aiguille, se trouve un ancien ermitage. Lui aussi creusé dans la pierre, on y observe des vestiges d'habitations, contrairement à l'abbaye, l'accès a ce site est gratuit, il est de petite taille mais cela vaut le coup.

 Passage à travers le rocher (Ermitage de l'Aiguille)

Le scorpion noir à queue jaune (Euscorpius flavicaudis)

Règne : Animalia (Animal)
Embranchement : Arthropoda (Arthropodes)
Sous-embranchement : Chelicerata (Chélicérates)
Classe : Arachnida (Arachnides)
Ordre : Scorpiones (Scorpions)
Famille : Euscorpiidae (Euscorpidés)

Description : De Geer (1778).

Présence en France : dans le sud du pays, y compris la Corse.

Ce scorpion est de couleur noire, excepté les pattes et le dard, qui sont de couleur jaune. Il vit dans les fissures des vieux murs et des vieilles maisons en pierre. Il est actif la nuit quand il fait plus frais, il passe la journée dans des crevasses et sous les pierres. Il chasse à l'affût des cloportes et des petits insectes qu'il saisit avec ses pinces, puis il les paralyse avec son venin, ensuite il mange sa proie grâce à ses chélicères. Il peut parfois se nourrir également de ses congénères (cannibalisme). Le venin, peu dangereux, procure une douleur comparable à une piqure d'abeille, mais il préfère fuir en cas de danger et n'attaque que si c'est nécessaire. Comme tous les scorpions, il peut se passer de nourriture pendant plusieurs mois. De petite taille, il mesure de 3,5 à 5cm de long. 


La durée de la gestation varie de 10 à 14 mois, en fonction de la nourriture disponible et du climat. La femelle cherchera alors endroit tranquille et humide pour mettre au monde jusqu'à 30 petits déjà formés. A la naissance, ils sont blancs et mous, donc vulnérables. Ainsi, les juvéniles grimpent sur le dos de leur mère qui les protège approximativement durant les 6 premiers jours. Au-delà, les jeunes vont commencer à explorer les alentours, mais resteront à proximité les uns les autres encore quelques jours. Il atteindront l'âge adulte au bout d'un ou deux ans environ. On le rencontre en France, en Italie, en Espagne et en Afrique du nord. Il existe 6 espèces de scorpions en France, répartis en 3 genres, Belisarius (1 espèce), Buthus (1 espèce), et Euscorpius (4 espèces).

Le grand capricorne du chêne (Cerambyx cerdo)

Règne : Animalia (Animal)
Embranchement : Arthropoda (Arthropodes)
Sous-embranchement : Hexapoda (Hexapodes)
Classe : Insecta (Insectes)
Sous-classe : Pterygota (Ptérygotes)
Infra-classe : Neoptera (Néoptères)
Super-ordre : Endopterygota (Endoptérygotes)
Ordre : Coleoptera (Coléoptères)
Super-famille : Chrysomeloida
Famille : Cerambycidae (Cerambycidés)
Sous-famille : Cerambycinae (Cerambycinés)

Description : Linné (1758).

Présence en France : dans toute la France, très présent au sud du pays, plus rare en montant vers le nord.

Ce coléoptère est facilement identifiable de part sa taille, le corps sans les antennes mesure de 4 à 5cm, ces dernières mesurent jusqu'à 8cm et sont divisées en 10 segments. La larve dont il est issu mesure entre 7 et 10cm, elle vit cachée dans les chênes pendant plusieurs années (3 à 4 ans), plus rarement dans les châtaigniers où elle se nourrit de bois et creuse de profondes galeries. Elle s'attaque au bois vivant, accentuant le dépérissement de l'arbre.

 Spécimen mâle vu de face

La forme adulte est de couleur brun sombre à noir, l'extrémité des élytres est brun rouge (les élytres sont les 2 ailes antérieures coriaces qui recouvrent les ailes postérieures, plus fragiles). On le rencontre au printemps et en été généralement sur les troncs des vieux chênes, à la nuit tombée quand il est le plus actif, d'où la difficulté de le rencontrer en plein cœur de la journée. Il s'éloigne rarement de l'arbre dont il est originaire, car il a un vol assez aléatoire et sur de courtes distances. Les mâles se distinguent des femelles par la longueur des antennes, elles sont beaucoup plus longues chez le mâle. On peut trouver plusieurs mâles sur le même territoire, ce qui entraîne de violents combats où les protagonistes sortent souvent blessés, car ils possèdent une paire de puissantes mandibules. Ils se nourrissent de sève et de fruits mûrs mais leur vie reste très limitée (1 à 2 mois), ils passent donc la plupart du temps à la recherche d'une femelle et à s'accoupler. Comme la plupart des espèces de la famille des Cerambycidés, en cas de danger il produit un son particulier, il stridule en frottant sa tête contre son thorax donnant l'impression qu'il pousse des petits cris.

Spécimen mâle

Cette espèce est protégée dans toute la France et même à l'étranger. On le trouve dans presque toute l'Europe, à l'exception des pays scandinaves, et dans quelques régions d'Afrique du nord (Algérie, Maroc, Tunisie) et du Moyen-Orient (Arménie, Azerbaïdjan, Iran, Turquie). On trouve 4 espèces du même genre en France (Cerambyx cerdo, Cerambyx miles, Cerambyx Scopolii et Cerambyx Welensii).

vendredi 22 juillet 2011

Les orgues d'Ille-sur-Têt

Les orgues d'Ille-sur-têt se trouvent sur la commune d'Ille-sur-Têt dans les Pyrénées-orientales. Ce site est protégé depuis 1981, à partir de cette date la zone a été aménagée pour en faciliter l'accès. Cette formation géologique, constituée de sable et d'argile, est le résultat de 5 millions d'années d'érosion du relief, ce site n'a donc aucun rapport avec le volcanisme. Aujourd'hui encore le site est soumis à cette dégradation par l'eau, le vent et la chaleur qui ont façonné ce magnifique paysage.


 Règles de base :
-il est interdit de fumer dans le site
-le chemin est interdit aux véhicules 
-ne pas cueillir des plantes (zone protégée)
-ne pas escalader et dégrader les parois 
-ne pas franchir les barrières et cordes de sécurité

Informations pratiques :
-téléphone : 04  68 84 13 13 
-la visite dure environ 45 minutes
-un parking est à la disposition des visiteurs
-tarifs : adultes (3,70€), enfant (10-13ans, 2,20€), tarif réduit (2,70€)
-visite guidée maximum 30 personnes (30€, 18€ à partir du 2ème guide)
-du 15 juin au 14 septembre, ouverture de 9h15 à 20h
-du 1 avril au 14 juin et du 15 septembre au 14 octobre, ouverture de 9h30 à  19h
-en mars et du 15 au 31 octobre, ouverture de 10h à 18h
-en novembre, décembre, janvier, février, ouverture de 14h à 17h30
-vacances d'hiver et de Toussaint, ouverture de 10h à 18h

 Vue générale sur plusieurs colonnes

Un petit guide vous sera donné à l'accueil, il fournit des explications de zones précises marquées par des piquets numérotés (tout au long du chemin) faisant référence à chaque zone.
A proximité de l'accueil convergent deux torrents, la Reixte et le Pilo d'en Guil. Il s'agit de petits ruisseaux qui sont généralement à sec, mais en cas de fortes pluies leur débit peut devenir impressionnant. L'un deux, le Pilo d'en Guil, s'écoule en partie le long du chemin d'accès, la visite en cas de pluie est donc à proscrire car son débit peut atteindre jusqu'à 5m3 d'eau par seconde, soit le débit moyen de la Têt, un fleuve se trouvant à proximité du site. Le chemin d'accès au site fait environ 800 mètres de long.

Le site est parsemé de cheminées de fées. Elles sont caractérisées par leur forme en colonne, et sont composées de roches friables sédimentaires (sable et argile dans ce cas précis), surmontées d'une "coiffe" (d'où leur appellation fréquente de "demoiselles coiffées"), constituée quand à elle d'une roche plus résistante aux effets de l'érosion. 

 Cheminée de fée

A l'origine les sédiments s'étaient accumulés sur tout le site, la présence de roches dures a simplement ralenti le processus d'érosion. Toutefois ces formations ne sont pas éternelles, les roches dures finissent par tomber, et les sédiments prennent un rythme d'érosion plus élevé, là ou les les coiffes ont disparu les colonnes s'affaissent. Toutes les colonnes visibles aujourd'hui sont les parties qui ont résisté le plus aux effets de l'érosion, en effet tous les espaces vides laissés entre les colonnes étaient autrefois remplis de sédiments, et le site avait simplement l'apparence d'une colline.

Sommet d'une cheminée de fée

Ces colonnes sont gigantesques, elles mesurent de 10 à 12 mètres de haut et sont enchâssées dans une végétation basse de type garrigue méditerranéenne qui confère à ce lieu un aspect aride saisissant. Les parois de ces colonnes sont sculptées en permanence, ainsi des formes apparaissent ou disparaissent régulièrement, car la pluie entraîne avec elle une grande quantité de sable à chaque fois. Les parois sculptées prennent parfois des formes étonnantes, on peut notamment observer des formes rappelant des visages.

 Formes semblables aux Moaï de l'île de Pâques

 Certaines colonnes sont alors marquées de profonds creusements où l'eau ruisselle. La couleur blanche correspond aux argiles, tandis que les teintes ocre sont dues à l'oxydation du fer.

  Détail du creusement des parois

Sur certaines formations, la végétation est parvenue à se développer au sommet malgré l'absence totale de terre et le manque d'eau. On observe principalement des pins d'Alep (Pinus halepensis), des genévriers communs (Juniperus communis), des chênes verts (Quercus ilex) et quelques petites plantes vivaces. Leur taille est extrêmement réduite par rapport à ceux qui vivent au sol, ils arborent ainsi un aspect trapu, ceci est du aux conditions extrêmes auxquels ils doivent faire face.

Végétation accrochée au sommet

Malgré le fait que la visite soit rapide, c'est un lieu incontournable pour les amateurs de nature, car ce genre de phénomène géologique est assez rare. En France on peut trouver des sites semblables, qui possèdent chacun leur particularité comme le Colorado de Rustrel (Vaucluse) ou les Pénitents des Mées (Alpes-de-Haute-Provence) et chaque site vaut le détour car ils sont tous uniques en leur genre.

Colonne dépourvue de "coiffe"

samedi 11 juin 2011

Les tiges radicantes

Ce mode de multiplication est semblable au stolonnage, toutefois contrairement à ce dernier qui se propage en formant de nouvelles jeunes plantes autonomes, les tiges radicantes s'enracinent au contact du sol mais sont toujours reliées au pied-mère. Mais en cas de séparation, elles sont tout à fait capables de se développer.
La misère, les sédums, les griffes de sorcières et les iris (à rhizomes) notamment se développent de cette manière.

Le marcottage

Il consiste à provoquer la formation de racines (rhizogenèse) sur une partie de végétal (marcotte) encore attachée au pied-mère puis à les séparer (sevrage). On peut utiliser une hormone de bouturage pour favoriser la production de racines (au niveau des incisions). Il existe 3 types de marcottage, le marcottage par couchage, le marcottage par buttage et le marcottage aérien. Certaines plantes peuvent marcotter naturellement. Les marcottes sont également des clones du pied original.

Le marcottage par couchage sera utilisé sur des plantes aux rameaux souples (ex : figuier commun). On enterre la partie médiane du rameau à marcotter, c'est là que vont se développer les racines. L'extrémité du rameau doit émerger de terre, l'autre étant toujours rattaché au pied mère. La terre doit être maintenue humide, avec un bon drainage car l'eau stagnante fera pourrir la marcotte. Après quelques mois, vous pourrez séparer la marcotte du pied mère. Le marcottage par couchage comprend 3 techniques à utiliser en fonction du type de plantes. On utilisera le marcottage en serpenteau pour les plantes grimpantes ou rampantes (glycine...), il s'agit de marcotter un long rameau souple en alternant des parties du rameau enterrées et d'autres à l'air libre, on obtiendra ainsi plusieurs plants. Le marcottage à plat est également utilisé pour les plantes rampantes (lierre, chèvrefeuille...), cela consiste à enterrer entièrement un long rameau effeuillé, un plant se développera à chaque bourgeon. Le marcottage des extrémités sera uniquement utilisé sur les plantes produisant de nombreux rejets (framboisier...), dans ce cas on enterre simplement le bout d'une tige maintenue par un tuteur.

Le marcottage en butte est conseillé pour les arbres fruitiers et les porte-greffes. La plante doit être fortement rabattue (à une dizaine de cm du sol) pendant l'hiver. Les rejets apparaîtront au printemps, il faudra ensuite former un dôme de terre autour des rejets afin de provoquer la formation des racines. L'année suivante, vous pourrez sevrer les rejets et les replanter.

Le marcottage aérien est parfait pour les plantes vertes d'intérieur (ficus, dracaena, schefflera, agrumes...). On incise la tige à l'aide d'un greffoir de façon à retirer un anneau d'écorce. C'est à cet endroit que se développeront les racines. Cette partie devra être enveloppée avec un sac plastique attaché à la tige et rempli de terreau humide. Évitez de choisir une partie trop lignifiée (bois) ou herbacée (molle). La marcotte sera séparée dès que les racines seront formées.

Enfin, en agriculture on pratique aussi le provignage, on enterre entièrement un cep de vigne qui va ainsi produire des jeunes pousses enracinées.

Le stolonnage

La reproduction par stolons est extrêmement simple, c'est un mode de multiplication naturel. Les stolons sont en fait des jeunes clones de la plante-mère. Ils croissent sur de fines et longues tiges qui les relient à la plante-mère, car ils sont alimentés par cette dernière avant la formation des racines. La rhizogenèse est provoquée au contact de la terre, chaque stolon deviendra un pied autonome. Le stolonnage peut être aérien (fraisier, chlorophytum...) ou souterrain (graminées...).

La division de touffes

La division de touffes permet d'obtenir plusieurs clones d'un pied-mère en le divisant en fragments portant chacun des bourgeons ou des racines. Pour les plantes vivaces on effectuera la séparation après la floraison, pour les plantes ligneuses pendant le repos végétatif et pour les plantes vertes on peut le faire toute l'année. Les plantes bulbeuses produisent souvent de petits bulbes (bulbilles) autour du bulbe principal, vous pourrez également les séparer comme bon vous semble.

Le greffage

Le greffage consiste à souder un greffon productif sur un porte-greffe. La greffe doit être compatible avec le greffon (généralement les plantes de la même famille) mais parfois on peut greffer des plantes entre différentes familles botaniques (hétérogreffe). La greffe s'effectue de manière soignée et à une époque précise à l'aide d'un greffoir (couteau très aiguisé qui pratique une coupe nette). L'intérêt est d'associer les caractéristiques des 2 plantes, le porte-greffe est résistant aux maladies et adapté au sol et au climat tandis que le greffon est choisi en fonction de la qualité des fruits ou la beauté des fleurs. Cette pratique laisse un bourrelet très marqué au niveau de la greffe.

Il existe plusieurs techniques de greffes plus ou moins difficiles à réaliser :

La greffe en fente est l'une des plus simples. A la fin de l'hiver, on pratique une incision (grâce à un greffoir, couteau très aiguisé) diamétralement de la tige où l'on insère des greffons taillés en biseau. Pour favoriser la reprise en serre bien la tige pour avoir un contact direct entre le porte-greffe et le greffon puis on protège le tout avec de la cire.

La greffe par incrustation a l'avantage de laisser une cicatrice très discrète sur les sujets greffés. Au printemps, on incise le bord du tronc coupé en forme de tétraèdre, idem pour le greffon afin de l'insérer comme si c'était une branche naturelle.

La greffe en couronne est à utiliser sur les porte-greffe dont on souhaite changer la variété. On coupe le tronc très bas (en dessous de la précédente greffe), et on glisse les greffons au niveau du cambium (tissu entre l'écorce et le tronc). Les greffons sont de petite taille, ainsi on en mettra plusieurs de préférence, cela évite notamment de submerger un seul greffon à cause de la montée de sève.

La greffe en écusson est conseillée pour les arbres fruitiers à noyaux. L'arbre utilisé pour le prélèvement du greffon et le porte-greffe devront être copieusement arrosés les jours précédant l'opération. Le greffon prélevé doit posséder un bourgeon de l'année bien développé et être entouré d'une bordure d'écorce en forme d'écusson, il ne faut pas le manipuler par la partie à vif pour limiter les infections. L'incision sur le porte-greffe est en forme de T, le greffon doit impérativement être placé au moins 2cm en dessous de l'entaille et doit buter aux deux extrémités afin de favoriser la circulation de la sève. Ensuite on ligature le tout en laissant uniquement dépasser le bourgeon et le pétiole. Lorsque le bourgeon est suffisamment développé, vous pouvez rabattre le porte-greffe au-dessus de la greffe. On effectue cette greffe à deux périodes de l'année, soit au printemps (greffe à œil poussant) et le rameau va se développer de suite ou alors à la fin de l'été (greffe à œil dormant), dans ce cas le rameau attendra le printemps suivant pour se développer.

La greffe par approche nécessite de cultiver le porte-greffe et le greffon côte à côte. En été on prélève une partie d'écorce sur le porte-greffe et on retire la même surface contraire sur le greffon de manière à pouvoir emboîter les deux plantes. Pour assurer la reprise on ligature fortement, puis à la fin de l'hiver on pourra les séparer. Le porte-greffe sera sectionné au dessus de la soudure tandis que le greffon sera coupé en dessous de la soudure. C'est le seul type de greffe pouvant être observé dans la nature, cela reste toutefois exceptionnel. En effet il faut que deux espèces différentes (du même genre ou de la même famille) fusionnent, leur rapprochement peut parfois mettre leur écorce à nu par frottement et s'unir dans certaines conditions.

La greffe anglaise est très solide. Il en existe deux variantes. La greffe anglaise simple s'emploie lorsque le porte-greffe et le greffon sont de même diamètre. On coupe le porte-greffe et le greffon en biais (juste derrière un bourgeon) d'une longueur équivalente à 3 fois le diamètre du greffon. Ensuite on ajuste correctement les deux parties pour les faire coïncider puis on ligature. La greffe anglaise compliquée est semblable à la greffe anglaise compliquée mais s'en distingue du fait que l'on réalise en plus une entaille au milieu de la plaie sur chaque biseau afin de les faire pénétrer l'une dans l'autre, ceci permet d'obtenir une structure plus solide. On la pratique au printemps, ou à la fin de l'été (prunier, cerisier).

Le chip budding est une technique semblable à la greffe en écusson. Dans ce cas, l'entaille n'a pas une forme en T mais l'entaille doit être faite de façon à insérer parfaitement le greffon. L'entaille sur le porte-greffe correspond donc à l'entaille du greffon. Veillez à supprimer les rameaux situés sous la zone de greffage, et en attendant la reprise, ne décapitez pas encore le porte-greffe au dessus de la greffe.

La greffe en flûte consiste à emboiter la flûte (greffon constitué d'un tube d'écorce), sur un porte-greffe étêté.
La flûte est creuse car on retire l'intérieur et possède au moins 2 bourgeons. Le porte-greffe est débarrassé de son écorce à un endroit où on peut emboiter la flûte.

La greffe en oméga s'effectue avec une pince spéciale qui réalise une coupe en forme d'oméga comme son nom l'indique (oméga est une lettre grecque : Ω). La pince permet de réaliser une entaille précise sur le greffon, et il suffit de réaliser la même entaille inversée sur le porte-greffe pour permettre l'emboîtement, puis de ligaturer.

Sachez qu'il est possible de greffer plusieurs espèces différentes sur un même porte-greffe, par exemple on peut greffer simultanément sur un prunier (porte-greffe),un pêcher, un abricotier et un amandier (greffons). Toutefois, en fonction des exigences différentes que demandent ces végétaux, les fruits obtenus peuvent être de mauvaise qualité, ce genre d'expérience n'a donc aucun intérêt commercial, c'est juste par curiosité. Les greffes entre familles différentes sont également sans intérêt (cerisier sur du saule, citronnier sur du poirier...).

Les arbres fruitiers sont souvent greffés (abricotier, cerisier, pommier, poirier, citronnier, oranger...), mais aussi la vigne, et même certains légumes (aubergine sur un pied de tomate, melon sur un pied de courge...). On peut aussi greffer les cactus, pour leur donner un aspect plus esthétique, toutefois la durée de vie des sujets est très limitée.

Le micro-bouturage

Le micro bouturage est également appelé multiplication In-vitro. Il s'agit là de multiplier des végétaux pour obtenir des copies conformes à l'original (clones), à partir de simples cellules méristématiques (issues des zones de croissance) ou de parties de végétaux (bourgeons) soigneusement désinfectés. Cette méthode peut notamment être utilisée pour reproduire des plantes très rares, amenées à disparaître sans intervention humaine, mais n'importe quelle plante peut être multipliée de cette façon. La production de jeunes plants peut ainsi s'effectuer en très grand nombre. Ce type de multiplication est réservé à du personnel qualifié, car il est très complexe et coûteux, de plus cela se fait uniquement en laboratoire stérilisé.

Le bouturage

Ce type de multiplication est également très utilisé, il s'agit de prélever un fragment de végétal (une bouture) sur un pied sain, et de favoriser la reconstitution des racines et des feuilles pour obtenir des plantes identiques au pied mère, en effet les boutures auront exactement les mêmes gènes que l'original car les boutures sont des clones. Pour subsister la bouture va devoir émettre très rapidement des racines sous peine de dépérir. Pour maximiser la production de racines il peut être judicieux de badigeonner les zones de coupe avec des hormones de bouturage (à base d'auxine). Placez les boutures dans un emplacement ensoleillé sans soleil direct.

On peut réaliser des boutures de tiges (faciles à réaliser), des boutures de feuilles (plus délicates) et des boutures de racines. Il existe 3 types de boutures de tiges, les boutures de bois dur, les boutures semi-herbacées et les boutures herbacées. Pour les boutures de bois dur on prélève un rameau de 20 à 30cm sur la pousse de l'année en automne (octobre-novembre). Pour les boutures semi-herbacées on récupère un rameau d'une dizaine de cm sur la pousse de l'année au printemps. Pour les boutures herbacées on coupe un rameau de 5 à 8 cm au printemps ou à l'automne. Pour éviter les pertes d'eau dues à la transpiration, les feuilles de la bouture devront être coupées au moins de moitié sauf les feuilles du sommet. Les boutures doivent être plantées rapidement après le prélèvement dans un substrat meuble et humide, seul le talon de la bouture doit être enterré, les pousses doivent être à l'air libre.
Concernant les cactus à développement colonnaire (cereus...) on peut pratiquer une bouture de tête, les prélèvements sont ensuite séchés à l'air libre jusqu'à cicatrisation afin d'éviter le pourrissement des tissus gorgés d'eau. Ensuite la bouture est plantée dans un substrat très drainé et sableux.

Les boutures de feuilles sont plus difficiles car on doit maintenir une humidité suffisante pour la formation de racines et de nouvelles feuilles tout en évitant la pourriture. On n'enterre pas les feuilles, elles doivent simplement être au contact du sol. Pour les feuilles avec pétiole, les racines se forment à la base de ce dernier, pour les feuilles sans pétiole on fait une incision sur les nervures, les racines apparaîtront à l'emplacement des incisions et enfin pour les morceaux de feuilles les racines se formeront sur les bords. Peu de plantes peuvent se multiplier de cette façon (bégonia, kalanchoé, coléus, lithops...), uniquement les végétaux à feuilles charnues ou succulentes peuvent se bouturer de cette manière. Prélevez des feuilles adultes et saines.

On utilise le bouturage de racines sur les plantes qui ont tendance à former des pousses sur leurs racines (bambous...) ou qui possèdent des racines charnues. Coupez des tronçons de racines et enterrez les en partie, repérez bien le sens de pousse, enterrez la partie qui reformera de nouvelles racines et laissez à l'air libre la partie qui formera de nouvelles pousses.

Les cactus (au développement en touffes) sont faciles à bouturer (on prélève simplement un rejet), mais il existe des milliers d'autres espèces que l'on peut bouturer.

Le semis

C'est un mode de multiplication sexué, caractéristique des plantes à fleurs,  cette méthode est très utilisée car elle est généralement simple. Après fécondation d'un ovule par un grain de pollen, la graine va se développer. Vous pouvez soit acheter des semences (plantes cultivées), soit récolter vous-même les graines dans la nature (plantes sauvages). Dans ce cas il faudra d’abord s’assurer que la plante n’est pas protégée en essayant de l’identifier, car la récolte de graines d’une plante protégée est interdite. La récolte se fait à des périodes différentes selon les espèces, mais choisissez toujours un jour ensoleillé et sec pour les ramasser, pour une meilleure conservation. Pensez à vous munir de ciseaux et de boîtes pour récolter. Les graines peuvent se trouver directement à l’air libre (chardons, pissenlit…), mais aussi souvent à l’intérieur de fruits. Si ce sont des fruits secs (iris, coquelicot…) il suffit de les ouvrir ou de les briser pour laisser apparaître les graines, si les fruits sont charnus (framboise, arbousier…) il faudra les écraser pour récupérer les semences. Certaines plantes expulsent leurs graines à maturité (concombre sauvage, genêt…), les fruits éclatent sous l’effet de la chaleur, les graines seront alors soit ramassées peu avant le mûrissement des fruits soit ramassées par terre une fois les fruits éclatés. Les graines récoltées devront impérativement être mûres (lorsque les fruits laissent échapper les graines) et stockées rapidement. Si vous ne les plantez pas de suite, conservez-les dans un endroit frais à température constante (au réfrigérateur à +4°c par exemple) et sec (dans un récipient hermétique) à l’abri des ravageurs (insectes, souris…). Si les graines sont peu riches en eau, vous pourrez les conserver au congélateur plus longtemps (à -18°c), dans le cas contraire gardez les simplement au frais car si vous les congelez elles éclateront (la glace prend plus de volume que le liquide, si l’eau se solidifie la graine éclate). Dans tous les cas, faites les sécher si nécessaire avant de les conserver pour éviter tout risque de pourriture. En règle générale les graines se conserveront quelques années. De plus quand vous récoltez les graines d’une même espèce, essayez de récolter uniquement quelques graines sur plusieurs pieds et dans des endroits différents, vous obtiendrez ainsi une diversité génétique, la taille et la forme n’étant pas identique d’une plante à l’autre, mais aussi afin de ne pas épuiser le milieu, si vous ramassez toutes les graines d’une parcelle sauvage vous allez forcément la modifier. Ne prélevez les graines que si la population de l’espèce est abondante.

L'intérêt du semis est d'obtenir un ensemble homogène de plantes avec des caractéristiques semblables au pied mère. Si certaines graines sont très faciles à semer et germent en quelques jours d'autres nécessitent des conditions et des opérations particulières pour germer. Le taux de germination (pourcentage de plantes germées par rapport aux graines semées), peut être très différent d'une plante à l'autre et en fonction des conditions climatiques, c’est la raison pour laquelle la plupart des plantes produisent un très grand nombre de graines. Chez soi, les différents facteurs de germination (humidité, température…) seront plus faciles à maîtriser, ainsi le taux de germination sera fortement supérieur à celui observé dans la nature. De manière générale, il faudra semer dans un substrat meuble (terreau par exemple) et maintenu humide, à la surface du sol ou à faible profondeur. Faites attention car c’est au moment où les plantes germent qu’elles sont le plus sensibles, notamment face aux escargots, rongeurs…, réalisez vos semis à l’abri de préférence. Les plantes annuelles et herbacées seront les plus faciles à germer, les arbustes et les arbres seront plus longs et délicats. Le semis peut être réalisé directement sur un sol nu (à la volée ou mécanisé) ou alors en godet (petit contenants de 8x8x8cm). Lorsque vous ramasserez vos graines, elles seront en état de dormance, c'est-à-dire que la germination est bloquée par des hormones présentes au cœur de la graine. Sachez aussi que certaines plantes (thym…) dégagent des substances chimiques par leurs racines qui inhibent la germination d’autres espèces de manière à éliminer la concurrence, si vous plantez à proximité de végétaux de ce type ne soyez pas étonnés si rien ne germe. Pour favoriser la germination vous pouvez placer les graines dans de l’eau, au début elles vont flotter car elles sont sèches, le but étant de les réhydrater en les laissant quelques heures jusqu'à ce qu’elles coulent. La dormance est levée grâce à l’humidité, la température et la luminosité. Mais d’autres facteurs peuvent entrer en jeu. Certaines graines germent après avoir subi une période de froid intense, d’autres nécessitent d’être digérées par les animaux (palmiers de l’île Maurice…), ou encore une forte chaleur (le ciste par exemple germe facilement après les incendies), une scarification (blessure des graines par abrasion…), et une dégradation de la cuticule (couche de protection) par l’acidité, les champignons ou les bactéries.